Dans un monde qui cherche de plus en plus à harmoniser progrès technologique et préservation environnementale, l'alliance entre l'Union européenne et le Kenya s'érige comme un symbole puissant d'innovation et de collaboration internationale. Sous les projecteurs à Nairobi lors du sommet africain sur le climat qui a débuté ce lundi 4 septembre, cette alliance a vu le jour, annonçant l'insufflation d'une nouvelle dynamique à la transition vers les énergies renouvelables en Afrique.
Par Myriam Boumahdi
© Shutterstock, Alexandros Michailidis.
Une ambitieuse transition vers l'hydrogène vert
Au cœur du continent africain, le Kenya prend position comme précurseur dans le secteur de l'énergie verte, propulsé par un partenariat stratégique avec l'Union européenne. À Nairobi, lors du sommet africain sur le climat, un jalon significatif a été atteint avec le lancement de la stratégie et de la feuille de route du Kenya pour l'hydrogène vert. Sous l'égide "Global Gateway", un investissement colossal est mis en branle, ancrant la vision kenyane d'un avenir propulsé par une énergie propre à 100% d'ici 2030. « La stratégie pour l'hydrogène vert donne la priorité à l'expansion économique, à la création d'emplois et à la promotion de la gestion environnementale et trace une voie qui permettra au Kenya de tirer parti du potentiel de l'hydrogène vert en tant que moteur essentiel de la transition énergétique. » précise le président du Kenya, William Ruto, et de poursuivre : « L'économie de l'hydrogène vert renforcera la sécurité alimentaire, notamment grâce à l'expansion de la production verte de thé, de café et de céréales kényans, ainsi que de l'horticulture et de la floriculture dans le pays. Elle facilitera également la décarbonation de nos industries et, de fait, de l’économie. » Plus de 90% de l’électricité actuelle du pays sont issus de ressources renouvelables. La nouvelle stratégie promet d'ouvrir de nouvelles portes à une industrialisation durable et une sécurité alimentaire accrue. Alors même que le continent traverse une période critique, l'insécurité alimentaire et la malnutrition en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 10 ans. Face à cette situation, les organisations internationales, notamment l'UNICEF et l'OMS, lancent un cri d'alerte en 2023, signalant que plus de 30 millions d'enfants sont désormais victimes de malnutrition, dont au moins huit millions subissent des effets sévères.
Le président du Kenya n’a pas manqué de mettre en avant l'impulsion économique significative et la préservation environnementale que cette initiative portera, insistant sur le potentiel « transformateur » de l'hydrogène vert.
L'Initiative Global Gateway : moteur d'innovations et d'investissements
L'UE s'engage vigoureusement à accompagner le Kenya dans cette transition. Grâce à la stratégie "Global Gateway", l'UE a annoncé des engagements financiers significatifs, avec un plan d'investissement massif de 300 milliards d'euros, dont une moitié sera allouée à des projets africains. De grande envergure, il est question de centrales hydroélectriques en RDC, au Burundi, au Rwanda et enTanzanie, et d'une initiative de 1 milliard d'euros dédiée à renforcer la résilience de l'Afrique face au changement climatique. Une enveloppe financière significative sera évidemment destinée à mobiliser des investissements dans le secteur naissant de l'hydrogène vert au Kenya.
Au-delà de l'hydrogène vert, l'initiative "Global Gateway" embrasse une vision plus large, englobant le développement durable, l'économie verte et numérique, et la mobilité verte. Dans le cadre de cette coopération, la mise en place de la première ligne de bus électriques en Afrique de l'Est voient le jour stimulant le commerce, l'emploi et la prospérité au Kenya et dans la région. L'UE soutient le développement et la mise en œuvre de ce projet avec des investissements conjoints avec le pays hôte à hauteur de 350 millions d'euros.
Pour réaliser cette transition verte ambitieuse, il est évident que les fonds publics seuls ne suffiront pas. L'UE met l'accent sur la mobilisation de fonds privés, introduisant le potentiel des obligations vertes comme une partie vitale de la solution financière.
« La tarification des émissions de carbone est l'un des outils les plus rentables et les plus efficaces dont nous disposions. » souligne Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne, et d’ajouter : « Elle permet, en effet, de stimuler l'innovation dans le secteur privé. De faire payer un juste prix aux gros pollueurs. Et d'utiliser les recettes ainsi obtenues pour soutenir la transition vers une énergie propre dans les pays en développement. »
Cette nouvelle proposition en matière d'obligations vertes, vise à canaliser les investissements privés dans ce secteur et l'UE se dit prête à partager son expertise pour développer les marchés africains dans ce domaine.
Vers une Afrique plus verte et prospère
Le lancement de cette stratégie n'est pas seulement un tournant pour le Kenya, mais sert également de phare pour le continent africain. Avec le soutien continu de l'UE, qui se positionne comme le principal contributeur mondial dans la lutte contre le changement climatique, une transition inclusive, verte et numérique se dessine pour l'Afrique.
Les ambitions du Kenya s'alignent avec cette vision, prévoyant une réduction substantielle de ses émissions de gaz à effet de serre et une transformation de son économie, sans oublier une collaboration renforcée avec les autres nations africaines. En forgeant ce chemin, le Kenya et l'UE ouvrent une nouvelle page de possibilités et d'opportunités pour l'Afrique, une page qui voit le continent marcher fièrement vers un avenir durable..
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