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Pour une école engagée et engageante !


Soucieuses de répondre aux grands enjeux de notre époque, de nombreuses écoles s’engagent dans une démarche de développement durable et de mixité sociale à travers une série de propositions innovantes. Dans la continuité de cette prise de position, l’ancien ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye a donné les grandes lignes de l'année scolaire 2022-2023 en août dernier. Parmi les différentes ambitions du ministère y figurent la lutte contre les inégalités sociales et territoriales et la promotion de la transition écologique. Retour sur une dynamique engagée et engageante.


Par Hugo CHAMPION





L’environnement au cœur des enjeux


En novembre dernier paraissait le deuxième classement des grandes écoles engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique. Celles-ci, et notamment leurs étudiants, ne veulent plus se former pour occuper des métiers destructeurs pour la planète. Les grandes écoles ont intégré ce nouvel élan pour la cause écologique. Des propositions émergent constamment afin de sensibiliser davantage les élèves au bouleversement climatique. HEC a notamment emmené ses étudiants voir la Mer de glace, à Chamonix, pour en constater sa régression, lors de sa semaine d’intégration.

L’objectif du classement est de mettre en lumière les écoles qui ont enclenché cette nouvelle dynamique parmi lesquelles l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciale (Essec) qui a dès 2020, inauguré la démarche RSE « Together ». Cette initiative de « notre stratégie Rise entend former la totalité des étudiants à ces enjeux, via 20 heures consacrées à la RSE, 20 heures sur la transition environnementale et 20 heures sur l’inclusion et la diversité. », rappelle Vincenzo Esposito-Vinzi, directeur de l’ESSEC. Cette « révolution responsable » selon les mots du directeur, couvre de nombreux aspects de la transformation écologique de l’école. A l’automne 2023 sera inauguré un campus avec des bâtiments répondant aux dernières normes en matière écologique et mettant à l’honneur la biodiversité. La sobriété multidimensionnelle est une priorité avec une réduction des consommations énergétiques, d’eau et de l’impact des mobilités internationales (étudiants et personnels).

L’Ecole des Ponts a pour sa part établi un plan stratégique à horizon 2025 qui consiste à renforcer le dispositif de formation dans les domaines clés du développement durable. L’école a, dans ce domaine, établi une grille de compétences ayant servi à élaborer un état des lieux de la prise en compte de ces enjeux dans les formations d’ingénieur. Elle a ainsi fait évoluer son offre de cours en sciences humaines et sociales dans ce même cursus, pour venir en appui à cet objectif. L’engagement de l’école se mobilise sur la mobilisation de sa force de recherche sur quatre axes : économie circulaire et sobre en carbone ; nouveaux modèles économiques et financiers ; production des connaissances, recherche et innovation vers la transition écologique et formation à la transition écologique et au développement durable. 



L’inclusion, la diversité et l’empathie : une volonté grandissante


La diversité sociale et paritaire s’inscrit dans la démarche des grandes écoles qui mettent en place des solutions. Des disparités en termes sociales et d’accès aux formations pour les femmes, notamment dans les écoles d’ingénieur, sont à résorber. On compte seulement 28 % de femmes dans leurs effectifs étudiants selon un sondage de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI) de 2021. L’origine sociale modeste reste également un frein à la poursuite d’études, en témoigne la faible représentativité d’étudiantes boursières dans l’enseignement supérieur en général (34 %) et dans les Grandes Écoles plus particulièrement (12 %).

Pour répondre à ces enjeux, l’ESSEC a institué le Double Appel à l’Oral afin d’introduire davantage d’élèves boursiers dans ses promotions. La proposition est de faire passer l’oral aux élèves boursiers proches de la barre d’admissibilité après l’épreuve écrite du concours. « Ni les élèves ni les évaluateurs ne savent qu’ils bénéficient du dispositif au moment de passer l’oral, afin de ne pas créer de biais », indique le directeur de l’école. Aujourd’hui, 22% des étudiants de l’ESSEC sont boursiers. L’objectif est fixé à 27% en 2024.

Montpellier Business School (MBS), première grande école à avoir obtenu les labels Diversité et Egalité Professionnelle délivrés par l’Agence française de normalisation, s’est engagée depuis de nombreuses années sur les sujets de la diversité et de l’inclusion. L’Ecole développe pour sa part son maillage d’aides financières, dont un dispositif de bourses varié, s’appuyant à la fois sur un Fonds Social propre, sur sa Fondation sous l’égide de la Fondation de France, et sur l’alternance qui permet aux entreprises de prendre en charge les frais de scolarité. Cette pratique permet notamment d’intégrer des élèves issus de milieu modeste. « D’ici 2025, l’école vise un campus rassemblant 5 000 étudiants, dont 30 % d’internationaux et 35 % d’étudiants issus de CSP modestes. », explique Bruno Ducasse, directeur général de MBS. Dans le même temps, MBS intègre ces enjeux dans le domaine de la recherche académique via la Chaire Management Inclusif & Engagement Sociétal (MIND). Contribuer à l’élaboration de la plateforme Mixity Campus, un outil dédié à la mesure et au pilotage de la diversité et de l’inclusion dans les Grandes Ecoles et les établissements d’enseignement supérieur. L’IICP, l’école de la Communication, du Journalisme et Création à Paris, a récemment lancé son ACT’IICP qui entend, « à défaut de pouvoir changer le monde, contribuer déjà à l’améliorer ! » Contribuer à l’émergence d’un monde plus juste, apporter un éclairage sur des sujets sociaux, sociétaux et environnementaux à toutes les parties prenantes : les étudiants, intervenants, « anciens », tuteurs des stagiaires et alternants. Voilà la démarche engagée de l’école Narratiiv qui se traduit par plusieurs actions qui seront menées tout au long de l’année. « Sur le plan environnemental, une collaboration avec Pure Ocean, fonds de dotation basé à Marseille, dont la mission principale est le soutien à des projets de recherche innovants qui contribuent à la protection des écosystèmes marins fragiles et de la biodiversité. Des contenus seront produits par les étudiants journalistes. Sur le plan social, de nombreuses actions vont permettre l’accompagnement sur le marché du travail des jeunes diplômés. Sur le volet sociétal, plusieurs étudiants et intervenants seront engagés en faveur de l’égalité femmes-hommes, de l’ouverture aux diversités et dans la lutte contre toutes les violences (agressions sexuelles, harcèlement…), pendant la formation et durant les périodes de stage ou alternance. « Des « paroles libres » sont prévues afin de libérer la parole de la part des étudiants ou alternants qui « subissent » parfois durant leur formation et/ou leur stage ou alternance des actes inadmissibles. » souligne l’école. Et son directeur Jean-Luc Letouzé d’ajouter : « Nous n’en sommes qu’au début et tout est à faire, il y a de la place pour toutes celles et tous ceux qui veulent faire changer les choses ».[1]

La lutte contre le harcèlement moral et sexuel est au coeur des priorités du ministère de l'éducation nationale, de l'école primaire à l'enseignement supérieur. La Première Ministre Elisabeth Borne a présenté en septembre dernier un plan interministériel de lutte contre le harcèlement qui repose sur le triptyque : prévention, détection, solutions. Parmi les propositions, des stages de détection aux risques pour les parents d'élèves seront instaurés, ainsi que des cours d'empathie à partir de la rentrée scolaire de 2024. La journée nationale de lutte contre le harcèlement le 9 novembre dernier a instauré deux heures banalisées dédiées au sujet. Tous les élèves du CE2 à la terminale seront invités à remplir un questionnaire anonyme d’autoévaluation afin de recueillir la parole de manière systématique.



Les «  Happy Schools » de l’UNESCO


Les apprenants, les enseignants et les chefs d’établissement d’aujourd’hui sont confrontés à de nombreux défis : perturbations de l’apprentissage et du développement comportemental liées à la pandémie de COVID-19, crise climatique, conflits géopolitiques à haute visibilité à travers le monde, déplacements massifs de réfugiés, inégalités flagrantes dans les domaines de la richesse et de la santé, preuves grandissantes de l’impact négatif des réseaux sociaux sur le bonheur des jeunes. Lancé en 2014 par le Bureau de l’UNESCO à Bangkok, le projet des « Ecoles heureuses » propose donc une approche alternative destinée à améliorer l’expérience d’apprentissage en donnant la priorité au bonheur à l’école. Piloté dans trois pays de la région Asie-Pacifique : le Japon, la RDP Lao et la Thaïlande, il met l’accent sur le bien-être, l’engagement et le sentiment d’appartenance à l’école. « Le projet contribue à encourager l’amour de l’apprentissage tout au long de la vie. L’école peut être un puissant lieu de lutte contre la négativité qui entrave l’apprentissage cognitif et non cognitif. Donner la priorité au bonheur dans les écoles grâce à des expériences d’apprentissage engageantes, dynamiques et collaboratives permettra d’améliorer les résultats de l’apprentissage. » souligne l’UNESCO.[2]

 


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