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Madeleine Riffaud, 100 ans de lutte pour le peuple

Dernière mise à jour : 7 janv.

Résistante, journaliste, militante anticolonialiste, grand-reporter de guerre, poétesse... Madeleine Riffaud a toujours été du côté du peuple. Héroïne de la Résistance, elle s’est éteinte le 6 novembre 2024, à l'âge de 100 ans. Elle nous lègue un patrimoine inestimable…


© Duc - Flickr
© Duc - Flickr

Résistante de la première heure 


Elle avait 16 ans quand elle est entrée en résistance en Isère. Puis, élève sage-femme à Paris, elle devient agent de liaison avec ses compagnons communistes des Francs-tireurs et partisans (FTP) de la faculté de médecine. C’est le massacre d'Oradour-sur-Glane, un village du Limousin cher à son enfance, décimé en juin 1944, qui lui fait prendre les armes. Le 23 juillet, elle assassine de deux balles dans la tête un gradé nazi sur le pont de Solférino. « J'avais pris les armes de la douleur comme aurait dit Paul Eluard. J'avais très mal à l'intérieur de moi, je lui ai tiré dessus presque à bout portant, il est tombé comme un sac de blé. » racontait-elle. Arrêtée, torturée, elle est condamnée à mort puis déportée. Elle sera libérée le 19 août grâce au consul de Suède dans le cadre d’un échange de prisonniers. Quelques jours plus tard, elle contribue à l’arrestation de 80 soldats allemands et prend part aux combats autour de la place de la République. Elle sera décorée de la Croix de guerre avec palme. Mais les traumatismes de la guerre sont là. Madeleine Riffaud plonge dans une dépression et une détresse qu’elle parviendra à dépasser par la poésie, un style d’écriture qu’elle affectionne grâce à ses parents. Son parcours se poursuit avec des rencontres déterminantes, Claude Roy, Paul Eluard, Louis Aragon, Vercors ou encore Pierre Daix, qu’elle épousa. De cette union, naîtra leur fille unique. 


La puissance des mots 


Malgré ses fragilités, celle surnommée « Rainer » pendant la Résistance en hommage au poète allemand Rainer Maria Rilke - pour signifier qu'elle « n'est pas en guerre contre le peuple allemand mais contre les nazis », entend continuer la lutte et faire des mots une arme pour transformer le monde. Elle devient journaliste et reporter de guerre à « Ce soir » puis à « l’Humanité » ou « La vie ouvrière ». Pour Libération, elle couvrira la guerre d’Algérie et du Vietnam. A son retour, elle travaille comme aide-soignante dans un hôpital parisien et dénonce dans Les linges de la nuit (1974) la misère de l'Assistance publique. Poétesse, elle sera publiée par Paul Eluard.

C’est en 1994 qu’elle devient la voix des disparus, des fusillés, bousculée par Raymond Aubrac, lui-même résistant, pour la sortir d’un mutisme de près de 50 ans. « Est-ce que tu vas continuer à fermer ta gueule ? Tes petits camarades qui ont été fusillés à 17 ans, ça t'est égal que personne n'en parle ? » racontait-elle. Raymond Aubrac lui avait en effet demandé d'être une voix de la Résistance : « Alors je le serai. J'ai encore un peu de force, c'est pour la donner » témoignait-elle. Elle parcourt ainsi les écoles et répond aux interviews, elle revient sur ses années de résistance où elle avait échappé plusieurs fois à la mort. Elle concourt au devoir de mémoire et partage au-delà de l’Histoire, et de son histoire, ses conceptions de la solidarité et de la révolte, cette manière d’aborder le monde « poing fermé » selon le titre de l’un de ses recueils de poésie. Celle qui estimait devoir payer une « dette de la survie », a consacré sa vie à dénoncer les injustices.



Un rôle modèle en BD


Le 23 août 2024, jour de ses 100 ans, Madeleine Riffaud a publié le troisième et dernier tome de Madeleine, résistante, ses mémoires de guerre en bande dessinée, avec Dominique Bertail au dessin, et Jean-David Morvan au scénario. Un nouveau genre littéraire pour rapprocher les générations. Le dernier opus « Les nouilles à la tomate » revient avec précision sur les tortures qu'elle a endurées dans les geôles vichystes et nazies, avec au bout de supplice, enfin : la victoire. 

Madeleine Riffaud n’avait de cesse de dire : « Résister, c'est aimer les gens, ne pas haïr... Si nous, on a tenu, c'est parce qu'au lieu de nous dire, je suis une victime, on s'est toujours dit je suis un résistant, je suis un combattant ! ». 

Avec l’humilité des grands de ce monde, elle disait « rien avoir fait d’extraordinaire » de son existence. Son engagement pour la liberté et l’héritage précieux qu’elle nous lègue, nous oblige.

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