Glaciers en danger, inondations, sécheresse, incendies... Le dérèglement climatique touche toutes les régions. L’impact sur le patrimoine historique de notre pays est important : les châteaux de la Loire sont en effet menacés, alerte le réseau Action Climat.
© Par Benh LIEU SONG
Phénomènes météorologiques extrêmes, augmentation des températures et montée des eaux
Dans la région Centre-Val de Loire, les vagues de chaleur comme les inondations représentent une menace grandissante pour le patrimoine historique de la région, l’un des joyaux de la France. Chambord accueille à lui seul plus d’un million de visiteurs par an, sur les 8 millions qui visitent chaque année les innombrables monuments, sites et musées que compte la région. Des chiffres en augmentation qui font du tourisme une activité économique majeure pour ce territoire, avec environ 3 milliards d’euros de revenus touristiques annuels et près de 38 000 emplois salariés et non-salariés.
Au-delà de l’aspect économique, c’est bien la disparition de notre héritage mais aussi des derniers témoins de l’histoire, qui se joue. Les températures devraient augmenter de deux degrés en 2050 et quatre degrés en 2100 selon le rapport d’Action climat de septembre 2024, « si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter » et d’ajouter : « D’ici le milieu du siècle, la région devrait connaître en moyenne 20 jours de vagues de chaleur de plus que dans le climat actuel (7 à 10 jours), et 21 à 22 jours pour les habitants du Cher, département le plus exposé de la région. D’ici 2040, les hivers seront plus doux et pluvieux. Une baisse de 10 à 40 % du débit des cours d'eau est envisagée d’ici 25 ans. » Aux phénomènes météorologiques extrêmes, s’ajoutent en effet l’augmentation des températures mais aussi la montée des eaux. « A horizon de la fin du siècle, les précipitations devraient augmenter de 10 à 20 % en Centre-Val de Loire. »
Perte de substance des bâtiments, risques pour la sécurité et coûts de restauration élevés
En découle une dégradation des matériaux et le développement de bioagressions, l’érosion des berges et les inondations des sous-sols. « Depuis l’année 2006, les sinistres reconnus de retrait-gonflement des argiles (RGA) ont augmenté de 145 % en France (par rapport à la période 1989-2005). Le RGA pourrait causer d’importants dégâts pour le patrimoine de cette région qui abrite une grande partie des châteaux de la Loire. » détaille le rapport. Conséquences pour les quelques 500 châteaux en Centre-Val de Loire, dont les plus célèbres, Chambord, Chenonceau et Amboise : une perte de substance des bâtiments et une altération de leur esthétique, des risques pour la sécurité (chutes de matériaux, effondrements partiels, instabilités des structures) et des coûts de restauration élevés.
Agir, maintenant
Les risques sont avérés. Les conséquences, certes catastrophiques, ne sont envisagées qu’à horizon de plusieurs décennies. Le temps d’imaginer et de mettre en oeuvre des solutions, mais il faut réagir dès à présent. Suivi régulier de l'état des bâtiments, adaptation des bâtiments pour renforcer les structures, amélioration de l'étanchéité et protection des bâtiments des intempéries, mise en place de plans de gestion des risques pour anticiper les événements extrêmes et limiter les conséquences et sensibilisation du public sur les enjeux liés au patrimoine et au changement climatique, sont quelques pistes à développer et renforcer pour mobiliser les acteurs et les financements nécessaires à la préservation des châteaux et du patrimoine historique et culturel plus généralement.
Petit patrimoine, glaciers, sites naturels : tous concernés
Moins connu, le « petit patrimoine » souffre lui aussi des mêmes impacts mais de moins de surveillance et de moyens. Une double peine. Des témoignages d’élus affluent en ce sens selon l'observatoire du patrimoine religieux. L’association recense 250 églises très abîmées par les sécheresses sur le territoire national et près de 1400 églises en danger. 20% de plus en un an, à cause des tempêtes, des sécheresses et des orages. Des remises en état qui se chiffrent à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros pour chaque édifice. Au-delà de ce patrimoine historique, c’est toute la France qui est menacée : montagnes, mer, forêts, sites, naturels, le Réseau action climat alerte également sur la disparition de glacier d’ici à la fin du siècle tout comme celle de l’île d’Oléron qui pourrait être engloutie sous les eaux d’ici à 2100.
Le rapport Réseau Action climat : https://reseauactionclimat.org/wp-content/uploads/2024/09/rac_climat-region-rapport_12-web.pdf
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