Le 31 octobre 2026, la communauté olympique aura les yeux tournés vers Dakar où s’ouvrira la 4e édition des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) d’été. Première manifestation olympique sur le sol africain, elle rassemblera plusieurs milliers de jeunes athlètes pendant deux semaines de compétitions et de célébrations. Des Jeux qui mettront le pouvoir transformateur du sport au service du Sénégal et du continent africain.
Par Amélie Rives
© 2023 / Comité International Olympique (CIO) / Layepro / CAMARA, Mouhamed
De Paris 2024 à Dakar 2026
Près de 4500 athlètes de haut niveau de 15 à 18 ans. 33 disciplines. 239 compétitions sur 3 sites. A moins de 1000 jours de l’événement, les JOJ sont un défi autant qu’une promesse : « Notre volonté est de transmettre aux générations futures, des legs tangibles et intangibles. Construire des leaders de demain, imbus des valeurs de l’olympisme et engagés pour les défis du futur. » souligne Ibrahima Diagne, Directeur Durabilité-Impact-Héritage du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de la jeunesse (COJOJ) Dakar 2026. L’organisation pourra en cela s’appuyer sur les enseignements de Paris 2024, avec laquelle elle a noué un solide partenariat. Par « l’Alliance Dioko » qui matérialise cette coopération, une série d’acteurs publics français s’engage à mettre à disposition ressources et compétences dans la rénovation d’infrastructures sportives, l’aide à la détection, la formation et la préparation d’athlètes de haut niveau, le partage d’expérience et de bonnes pratiques sur l’organisation et l’héritage… Certains matériels et équipements sportifs de Paris 2024 pourraient aussi être transférés à Dakar après les JOP. Mais avant, les équipes organisatrices de Dakar 2026 rejoindront celles de Paris, en immersion pendant les Jeux où un Club Dakar-2026 sera également installé sur l’Île-Saint-Denis.
Concourir, apprendre et partager
L’« expérience JOJ », c’est « concourir, apprendre et partager »,¹ rappelle le comité international olympique, qui souligne aussi la raison d’être de cet événement : « inciter les jeunes du monde entier à pratiquer un sport, les encourager à adopter les valeurs olympiques et devenir des ambassadeurs de l’Olympisme »² mais aussi « mobiliser et responsabiliser des jeunes au-delà des terrains de sport »³ et leur permettre d’acquérir de nouvelles compétences. Aux JOJ, les jeunes ne sont pas seulement athlètes, ils sont aussi chefs de mission, leaders, bénévoles, entraîneurs et arbitres mais aussi reporters, radiodiffuseurs, commentateurs, présentateurs sportifs, traducteurs… Tous recrutés par le COJO et les Fédérations internationales dans le cadre de cette ambition pédagogique.
Des programmes éducatifs sont aussi proposés à la jeunesse sénégalaise, qu’ils soient athlètes, volontaires, apprenants, étudiants, spectateurs, etc. Un « Brevet olympique, civique et sportif » axé sur les valeurs olympiques sera dispensé auprès de 900 000 élèves de 9 à 15 ans dans 11 000 établissements scolaires d'ici 2026, dans le cadre des heures consacrées à l’instruction civique. C’est bien parce que les valeurs olympiques et sportives sont aussi celles de la citoyenneté que le COJOJ s’attache à susciter l’intérêt de la jeunesse sénégalaise pour la pratique sportive. En novembre 2023, la 2e édition du Festival Dakar en Jeux proposait démonstrations, initiations sportives, concerts et activités culturelles pour « permettre aux communautés sénégalaises de s'approprier le sport et l'esprit olympique dans la perspective des JOJ (…) ».⁴ Le programme Kids Olympic Skills a aussi vocation à faire découvrir dans les écoles et les quartiers, de nouveaux sports qui sont au programme des JOJ mais pas pratiqués au Sénégal. Pour encourager et faciliter l’accès à la pratique sportive, il s’agit aussi de renforcer l’offre d’équipements sportifs : sur les sites accueillant les Jeux, des infrastructures existantes seront réhabilitées et 10 terrains de proximité seront construits. « Notre pari est de faire des JOJ un événement mobilisateur de la jeunesse africaine et catalyseur de l’énergie et l’expression plurielle de nos peuples. » résume Ibrahima Diagne. Inclusifs, les JOJ s’attacheront aussi à sensibiliser à la pratique sportive pour les filles. Le 9 mars 2024, les « 24h du sport féminin » ont réuni en ce sens 700 participants.
Un héritage populaire et durable
« Notre ambition est de favoriser des changements continus, pour un impact et un héritage durables autour de l’accessibilité et le renforcement de la pratique du sport, le développement de l’entreprenariat, l’employabilité des jeunes et la création d’emplois. » commente Ibrahima Diagne. Le sport fait de longue date partie de la stratégie de développement économique et social et de rayonnement régional du Sénégal. L’Etat y travaille avec la société civile et ses partenaires internationaux. En novembre 2023, Dakar a notamment accueilli le Sport Impact Summit, organisé par le hub panafricain Sport Impact en partenariat avec l'Unesco. Objectif : « encourager les interactions entre acteurs du sport, bailleurs de fonds, jeunes et athlètes de haut niveau, tout en valorisant les liens vertueux entre sport et développement. »⁵ Des associations comme Play International, qui promeut l’éducation via le sport, est également très présente au Sénégal. C’est à Dakar qu’elle y a lancé son incubateur régional pour accompagner des projets innovants issus d’organisations de la société civile mobilisant le sport comme levier d’éducation.
L’événement sera aussi créateur d’emplois et d’opportunités pour les entreprises sénégalaises, tant dans la phase de préparation et d’organisation que de livraison, et le COJOJ compte sur la réussite de ces Jeux pour attirer de futurs événements sportifs, commerciaux et culturels, nationaux et internationaux. L’ambition est bien de laisser un héritage populaire et durable pour le Sénégal et les Sénégalais. « Nous privilégions le recours à des marchés durables et responsables pour les travaux, fournitures et services pour inscrire l’événement dans une dynamique d’économies circulaire, sociale et solidaire. L’objectif est de faire émerger un écosystème vert autour de chaînes de valeurs sur des matières recyclables et recyclées, au bénéfice d’entreprises locales. Pour favoriser l’innovation sociale et technologique, la jeunesse sénégalaise sera sollicitée via des hackathons pour le design de produits et services à portée écologique. » détaille Ibrahima Diagne. Plutôt que de lancer d’importants programmes de construction, les installations qui accueilleront les JOJ s'appuieront principalement sur des infrastructures ou des sites existants. L’Université d’Amadou Mahtar Mbow devrait ainsi abriter le village olympique. D’autres seront rénovés et modernisés, comme le stade Iba Mar Diop et le Complexe du Tour de l’œuf avec la piscine olympique, et les lieux de vie autour du stade seront transformés et valorisés : création d’emplois à proximité des enceintes, d’activités socio-éducatives liées au sport… Les Jeux seront aussi l’occasion de développer la nouvelle ville de Diamniado où auront lieu une partie des compétitions, pour en faire un lieu de vie pour près de 300 000 personnes et un centre moderne et urbain. Autant de mesures qui prolongeront l’impact de ces Jeux. « Nous puiserons dans les valeurs de l’olympisme et la force du sport pour faire des JOJ un levier transformateur de notre développement socio-économique, et une source d’inspiration pour l’Afrique. » conclut Ibrahima Diagne. Rendez-vous à Dakar le 31 octobre 2026 !
²Ibid
³Ibid
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