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Céline Schmitt, une vie au service des réfugiés

Dernière mise à jour : 5 nov.

De la République Démocratique du Congo à Kaboul en passant par le Burundi mais aussi Paris et Genève, Céline Schmitt sert le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) depuis plus de 15 ans. Aujourd’hui Conseillère en partenariats stratégiques pour l’organisation à Kaboul, en Afghanistan, elle place la solidarité au sein de son engagement humanitaire. 


© UNHCR/Oxygen Film Studio


La quête de justice, une vocation 


De la République Démocratique du Congo à Kaboul en passant par le Burundi mais aussi Paris et Genève, Céline Schmitt sert le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) depuis plus de 15 ans. « Je crois que ce qui me motive, c’est la recherche de la Justice. C’est quelque chose qui m’a toujours animée depuis l’enfance. Originaire de l’est de la France, mes grands-parents qui avaient vécu la seconde Guerre Mondiale me parlaient souvent des difficultés qu’ils avaient rencontrées à cette époque, mais aussi de l’aide qu’ils avaient pu recevoir dans ces périodes difficiles. A la fois d’organisation comme la Croix Rouge, mais aussi de façon plus spontanée de la part de citoyens, souvent eux aussi dans la difficulté. Ils en parlaient toujours avec beaucoup d’émotion. Ils me parlaient de guerre, mais surtout de générosité. Cela m’a donné envie moi aussi de m’engager. J’ai fait des études de sciences politiques avec une majeure en droit, parce que je savais déjà que je voulais travailler pour défendre les droits humains. Puis j’ai eu l’opportunité de travailler auprès d’un Député européen qui siégeait notamment dans des commissions de défense des droits humains. C’est ce qui m’a encouragé plus encore à m’engager moi aussi. » A 27 ans, Céline Schmitt intègre alors le HCR pour débuter ce combat qui lui tient à coeur : « travailler au service de personnes qui ont dû fuir les violences, la guerre, les conflits, pour tenter de reconstruire leur vie, ailleurs. »  


Un tableau de plus en plus sombre  


108 millions. C’est le nombre de personnes déplacées de force dans le monde, selon le décompte du HCR. Un chiffre sans précédent. « Depuis plus de 10 ans, le nombre de personnes obligées de fuir leur pays augmente tous les ans, victimes de conflits, de violences ou encore du changement climatique. Certaines situations sont très médiatisées - à raison - comme Gaza, l’Ukraine, ou la Syrie il y quelques années, etc. Mais d’autres sont parfois oubliées et mériteraient plus d’attention médiatique : le Soudan, le Sahel, la République Démocratique du Congo, les Rohingyas au Bangladesh, le Myanmar, etc. » C’est là que le HCR entre en scène. « Notre mission est non seulement de protéger les réfugiés, mais aussi de trouver des solutions durables que leur permettre de reconstruire leur vie : le retour volontaire, qui est souvent la solution privilégiée des réfugiés dans les premiers temps si les raisons qui ont conduit à la fuite n’existent plus, l’intégration dans le pays d’accueil ou la réinstallation dans un pays tiers pour les plus vulnérables. »  


Coopérer pour mieux aider 


Quant à l’Afghanistan, il compte plus de 3,5 millions de déplacés internes et 23,7 millions de personnes nécessitant une aide humanitaire. Sur place, le HCR travaille principalement à la réintégration de réfugiés qui sont aujourd’hui retournés dans leur pays. « Nous nous efforçons de les aider à se reconstruire et leur donner à accès aux services de bases qui leur permettront de subvenir à leurs besoins : conseil juridique, retour à l’emploi, éducation, santé, etc. Nous travaillons par exemple à l’accès au logement grâce à une aide à la construction de maisons et à un projet d’énergie propre basé sur des techniques locales. » Autant de projets qui ne pourraient pas voir le jour sans le réseau de partenaires locaux et internationaux que Céline Schmitt entretient et coordonne. Chacun apporte son expertise et son expérience, à différents niveaux et sous différentes formes : donateurs, banques de développement et institutions financières internationales bien sûr « mais aussi le secteur privé qui joue un rôle essentiel, notamment pour le retour à l’emploi, ou encore les ONG et la société civile et bien sûr les autres agences de l’ONU qui ont une expertise plus précise dans certains domaines clés comme l’éducation (UNICEF), le soutien aux petites entreprises, l’inclusion financière et la micro finance (UNCTAD et OIT), l’agriculture (FAO)… » Mais aussi les acteurs locales, acteurs incontournables, même en Afghanistan. « En tant qu’acteurs humanitaires il est important de pouvoir continuer à dialoguer avec les autorités de facto. Ce dialogue ne vaut pas reconnaissance mais il est indispensable si nous voulons apporter notre aide aux populations qui en ont besoin. Notre interlocuteur principal reste le Ministère en charge des réfugiés et rapatriés, mais aussi certaines divisions sectorielles en fonction des projets, ainsi que autorités territoriales dans les régions où nous opérons. » 


Des visages inspirants 


Si les histoires des réfugiés sont souvent déchirantes, certaines sont belles au milieu de toute cette noirceur. Céline Schmitt a rencontré Sœur Angélique dans un camp de déplacés à Dungu, en RDC, où étaient notamment accueillies des femmes survivantes de violences et d’abus de l’Armée de Résistance du Seigneur. Tous les matins, elle arrivait à vélo pour donner à ces femmes des cours d’alphabétisation ou de couture. « Elle avait compris que pour se reconstruire et se réintégrer, il fallait donner à ces femmes les moyens de subvenir à leurs propres besoins et ceux de leur famille, de s’autonomiser pour prendre leur avenir en main. En leur donnant un lieu pour se retrouver, parler, rire, elle leur permettait aussi de guérir leurs traumatismes. Elle m’a beaucoup inspirée. » Sœur Angélique hébergeait aussi, de sa propre initiative, une trentaine d’orphelins du conflit. « Elle avait une force énorme, mais aussi beaucoup de tristesse lorsqu’elle ne pouvait pas acheter suffisamment de lait pour les nourrir convenablement. » Céline Schmitt la nomine alors au prix Nansen pour les réfugiés, qui récompense celles et ceux qui vont au-delà de leur devoir pour protéger les réfugiés et les apatrides. Récompense qu’elle reçoit en 2013, accompagnée d’une aide financière qui lui permet d’ouvrir une boulangerie. Elle embauche alors d’autres femmes (et hommes !) et réinvesti les bénéfices dans une clinique, une école primaire et un terrain ou les femmes de la région peuvent cultiver et vendre leurs récoltes sur le marché. 

En poste à Paris, Céline Schmitt poursuit son engagement. « J’ai voulu donner aux réfugiés la possibilité de participer eux-mêmes aux décisions qui les concernent, de lancer eux-mêmes des projets, de créer des associations, d’aider activement à leur tour. » Le HCR a ainsi soutenu la création de l’association ARC ESSENTIEL créé par et pour les réfugiés LGBTQIA+. « C’est un de nos réfugiés, bénévoles pendant la Covid qui nous a fait part de son envie de s’engager. » Ailleurs, c’est en participant à une campagne de sensibilisation dans les écoles qu’un réfugié, slameur, a eu l’idée de mettre son talent au service de la lutte contre le harcèlement scolaire. Il organise désormais des ateliers de slam sur ce sujet au profit des élèves. « Via le slam, les élèves ont pu mettre des mots, évoquer des choses très fortes, qui ont permis aux professeurs d’identifier des situations qui peuvent ensuite été traitées par des professionnels. » Une façon de contribuer concrètement à répondre à de véritables besoins de sociétés dans leurs pays d’accueil.  


Un projet de vie 


Si l’humanitaire est une vocation, « il faut être engagé, passionné, avoir envie d’agir et de trouver des solutions. Il faut aussi avoir envie d’apprendre, être dans un esprit d’ouverture, à l’écoute des solutions des gens avec qui on travaille. Si on a tout ça alors c’est un métier extrêmement gratifiant humainement, parce qu’on se rend compte qu’on peut faire la différence. »  Quand les plus jeunes lui posent la question du risque, de la vie personnelle, de la solitude. « Ce n’est pas une question à se poser à 20 ou 25 ans. A cet âge on s’engage et on voit si on peut apporter quelque chose, c’est plus tard que d’autres questions se posent. » D’autres questions et des décisions, parfois difficiles à prendre, surtout pour les femmes. « Je rentre de Kaboul toutes les 5 ou 6 semaines et je retrouve ma fille en France. Je me demande toujours si j’ai pris la bonne décision en repartant, car c’est une décision qui a des conséquences pour moi mais aussi pour elle. Mais je ne peux pas m’engager dans l’humanitaire en étant loin du terrain, loin d’une réalité que je ne connaîtrais plus. Alors j’ai décidé de repartir, et j’ai été nommée ici. » C’est aussi l’image d’une mère et d’une femme engagée, actrice et mobilisée pour faire bouger les lignes, qu’elle transmet : « Je lui explique pourquoi je suis partie. Elle sait que c’est pour aider et j’espère que ça lui donnera l’image d’une mère et d'une femme engagée et que cela est possible, pour une femme, aussi. » 

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Bonjour hier la fin dun atelier de planification humanitaire de lEst 2025 a durée 2 jour

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