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2024 : l’année la plus chaude jamais enregistrée

Cela vient d’être confirmé par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). 2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée avec une température moyenne mondiale dépassant pour la première fois de 1,5 °C les niveaux préindustriels pour toutes les régions continentales, y compris l'Europe, à l'exception de l'Antarctique et de l'Australasie.


© UN Photo / Eskinder Debebe

Une tendance de fond


10 janvier 2025. L’OMM confirme, d’après six jeux de données internationaux, que 2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée, détrônant 2023. Une tendance désormais de fond : les dix dernières années sont aussi les dix années les plus chaudes jamais constatées. Elles ont été marquées par une série extraordinaire de records de température. « L’évaluation communiquée par l’Organisation météorologique mondiale prouve une fois de plus que le réchauffement de la planète est un fait indéniable », a déclaré António Guterres, Secrétaire général de l’ONU et d’appeler non pas à baisser les bras face à un objectif qui peut sembler de plus en plus inatteignable mais bien à redoubler d’efforts « (…) nous devons redoubler d’efforts pour garder le cap. Les températures très élevées de 2024 nécessitent une action climatique d’avant-garde en 2025 », a-t-il précisé, avant d’ajouter : « Il est encore temps d’éviter la pire des catastrophes climatiques. Pour cela, les dirigeants doivent agir, et maintenant. » 
La Secrétaire générale de l’OMM, Celeste Saulo a pour sa part déclaré : « Des faits climatiques historiques se déroulent sous nos yeux. Nous n’avons pas seulement connu une ou deux années record, mais une série complète longue de dix ans. Cette évolution s’est accompagnée de conditions météorologiques extrêmes et dévastatrices, d’une élévation du niveau de la mer et de fonte des glaces, toutes alimentées par des niveaux records de gaz à effet de serre imputables aux activités humaines. »¹


L’Europe se réchauffe 2 fois plus vite


Selon le rapport européen 2023 sur l'état du climat² et l'évaluation européenne des risques climatiques, le continent européen se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale depuis les années 1980, devenant ainsi le continent qui se réchauffe le plus rapidement - en particulier les terres européennes de l’Arctique. Les changements dans la circulation atmosphérique favorisent l'augmentation de la fréquence des vagues de chaleur estivales, les glaciers fondent, le régime des précipitations se modifie, la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes augmentent. Les températures de surface de la mer sont restées exceptionnellement élevées, la période de juillet à décembre 2024 étant la deuxième plus chaude jamais enregistrée pour cette période de l'année, après 2023.

L'UE s'est pourtant engagée à soutenir l'action mondiale en faveur du climat et à devenir neutre sur le plan climatique d'ici à 2050. Elle a adopté des objectifs et une législation visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 55 % d'ici à 2030 et la Commission a déjà recommandé un objectif de réduction nette des émissions de gaz à effet de serre de 90 % pour 2040. Si cette dernière a publié en avril dernier des éléments sur la manière de préparer efficacement l'UE aux risques climatiques et de renforcer la résilience climatique, le retournement d’opinion sur le pacte vert pourrait bien entraver la dynamique enclenchée ces dernières années. « Conséquences des erreurs et d’un manque de courage des politiques sur le Vieux Continent, ces reculades s’inscrivent aux États-Unis dans un virage idéologique et financier. » soulignent nos confrères du Monde.

Les États-Unis s’embrasent quand son futur président qualifie le changement climatique de « canular »

La Californie, dévastée par les flammes qui ont déjà coûté la vie à 16 personnes en ce début d’année 2025, s’ajoute à longue liste des États ayant connus des catastrophes naturelles dans le pays. Le 31e État des États-Unis, le plus peuplé également, voit le changement climatique à l’oeuvre. Mêlant températures élevées, sécheresse et vents violents, les conséquences des mégafeux sont dévastatrices. Plus de 180 000 habitants évacués et toute une région dévastée, en particulier Los Angeles. Pourtant, le président élu, de retour à la Maison Blanche d’ici à quelques jours n’hésite pas à qualifier le changement climatique de « canular ». Selon lui, la région manquerait d’eau à cause des politiques environnementales menées par les dirigeants démocrates de l’État et l’eau de pluie serait détournée pour protéger un « poisson inutile ». Un discours partagé par Elon Musk évidemment, et « simplifié à l’extrême » selon Christophe Roncato, maître de conférences en études américaines à l’Université Grenoble Alpes, spécialiste d’histoire environnementale et d’écologie industrielle.³ Le futur président est clair : il entend relancer la production de gaz et de pétrole, sortir les États-Unis de l’accord de Paris et démanteler les mesures pro-climat prises par son prédécesseur. Sans compter les départs des groupes bancaires américains qui se succèdent au sein de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA). Bank of America, Goldman Sachs, Citigroup, et désormais Morgan Stanley, toutes abandonnent l’action lancée au moment de la COP26 de Glasgow en 2021, dans laquelle plus de 140 banques mondiales s'étaient engagées à atteindre l'objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre dans leurs activités de prêts, d'investissements et de marchés de capitaux d'ici à 2050.


Le réchauffement des Océans


Selon une étude menée par Lijing Cheng de l’Institut de physique atmosphérique de l’Académie chinoise des sciences, publiée dans la revue Advances in Atmospheric Sciences⁴, le réchauffement de l’océan observé en 2024 a joué un rôle clé dans l’établissement de records de températures. Environ 90 % de l’excédent de chaleur dû au réchauffement climatique est stocké dans l’océan, ce qui fait du contenu thermique de l’océan un indicateur essentiel du changement climatique. La chaleur océanique a battu des records, tant en surface que dans les 2 000 premières mètres. De 2023 à 2024, l’augmentation du contenu thermique de l’océan dans les 2 000 premiers mètres a atteint 16 zettajoules (1021 joules), soit environ 140 fois la production totale d’électricité dans le monde en 2023. Cette étude a rassemblé 54 scientifiques issus de 7 pays et de 31 instituts différents.


Des chiffres à nuancer mais pas la nécessité d’agir vite


« Il est important de souligner que le dépassement du seuil de 1,5 °C au cours d’une seule année NE signifie PAS que nous avons échoué à atteindre les objectifs de température à long terme de l’Accord de Paris, lesquels portent sur des décennies plutôt que sur telle ou telle année. Cependant, il est essentiel de reconnaître que chaque fraction de degré de réchauffement a son importance. Que le niveau de réchauffement soit inférieur ou supérieur à 1,5 °C, les répercussions sur nos vies, nos économies et notre planète s’aggravent après chaque augmentation supplémentaire », a fait remarquer la Secrétaire générale de l’OMM.⁵

En effet, au-delà des chiffres et des analyses, il ne fait plus aucun doute que les impacts du changement climatique sont de plus en plus fréquents et intenses. Les graves inondations, les cyclones plus dévastateurs et les méga-feux sont bien réels. « Pourtant, les reculs sur les politiques de transition écologique ne cessent de se succéder depuis plusieurs mois : décalage de réglementations, coupes budgétaires, démembrement du ministère de la transition écologique. » déclare le Réseau Action Climat France précisant que les émissions de gaz à effet de serre françaises sont reparties à la hausse au 3e trimestre semestre 2024. Ils appellent donc à « acter les objectifs de la planification écologique pour fixer un cap qui servira de cadre pour les politiques publiques nationales, avec une ambition renforcée notamment pour la baisse des émissions de gaz à effet de serre, les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables » et à « engager les financements nécessaires pour atteindre ces objectifs grâce à de nouvelles ressources comme la baisse des dépenses néfastes pour le climat (en particulier une fiscalité plus juste sur le transport aérien) et une contribution des ménages les plus aisés et des entreprises les plus polluantes ».⁶ Le Réseau rappelle que « la transition écologique et juste est un projet de société fédérateur » et soutient que « Loin du défaitisme ambiant », il affirme « sa détermination ».

En mars prochain, l’OMM fournira des informations détaillées sur les principaux indicateurs du changement climatique, notamment les gaz à effet de serre, les températures de surface, la chaleur océanique, l’élévation du niveau de la mer, le recul des glaciers et l’étendue des glaces de mer. Elle reviendra également sur certains phénomènes à fort impact.



¹Les résultats présentés par l’OMM se fondent sur de multiples sources de données issues du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT), du Service météorologique japonais (JMA), de l’Administration américaine pour l’aéronautique et l’espace (NASA) (États-Unis d’Amérique), de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA) (États Unis), du Service météorologique du Royaume-Uni en collaboration avec la Section de recherche sur le climat de l’Université d’East Anglia (jeu de données HadCRUT), et de Berkeley Earth.

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